Little Big Man

Jack Crabb, un Blanc âgé de 121 ans qui a longtemps vécu parmi les Indiens, raconte sa vie à un historien venu l’interviewer. Recueilli par les Cheyennes après que les Pawnees ont massacré ses parents, Jack, bientôt baptisé Little Big Man, grandit parmi eux…
Les Cheyennes. Les premiers contacts entre Blancs et Cheyennes ont vraisemblablement eu lieu dans le Minnesota, berceau des différentes tribus cheyennes, avant qu’elles ne soient contraintes à la migration par les Lakotas. Avec le temps, les Cheyennes se feront quelques alliés parmi les Indiens, mais encore plus d’ennemis. Certains, comme les Pawnee, iront d’ailleurs gonfler les rangs des tuniques bleues au titre de scouts – des recrues éminemment précieuses. Les Cheyennes émigrent d’abord vers le Nord et le Sud Dakota, puis vers le Nebraska, le Colorado, le Kansas ou l’Oklahoma – une aire de peuplement absolument immense. Mais avant même les premiers affrontements sérieux avec les Tuniques bleues (1857), ils sont massivement décimés par le choléra, propagé par les chercheurs d’or traçant leur route vers la Californie en 1849.
Les Indiens des Grandes Plaines ont longtemps gardé l’avantage sur les Blancs, en raison d’une extension encore limitée vers l’Ouest (donc d’un faible peuplement) et d’une armée peu présente dans ces territoires encore à investir ou à « sécuriser ». L’expansion du chemin de fer au milieu des années 1860 accroît brutalement leur présence.
L’Ouest démystifié. C’est dans ce mouvement que s’inscrit Little Big Man, celui d’un monde et de tribus appelés sinon à disparaître tout à fait, du moins à céder lourdement du terrain. Les massacres de Sand Creek[1] et de la Washita River (1868) sont deux des tragédies de la Conquête de l’Ouest, où les victimes comptent beaucoup de femmes et d’enfants.
Jack Crabb est censé en être témoin, ce qui est assez improbable vu son âge supposé (15 ans pour Sand Creek, ce qui ne correspond guère à l’apparence physique de Dustin Hoffman, aussi juvénile soit-elle). Mais Little Big Man adopte le ton d’un récit « picaresque[2] », socle de sa représentation distanciée de l‘Ouest. Le film s’inscrit dans un mouvement plus large qui fonde, sur le commentaire en filigrane de la guerre du Vietnam, une représentation désacralisée et prosaïque de l’Ouest comme des processus historiques en général : les westerns de Robert Altman, John McCabe (1972) et Buffalo Bill et les Indiens[3] (1976) ou le Juge et hors-la-loi de John Huston épousent à leur tour cette logique et représentent l’Ouest dépouillé de sa grandeur épique.
À travers une fascinante structure cyclique, Little Big Man s’érige ainsi en entreprise de démystification où le personnage principal, paradoxalement, concentre sur lui tous les types de caractères propres au western : Indien, as de la gachette, commerçant, éclaireur, ivrogne, ermite, etc.
[1] En 1864. Contrairement à ce que montre le film, Custer n’y participe pas. Une autre œuvre forte sortie en 1970, Soldat bleu, se clôt sur le massacre de Sand Creek.
[2] Arthur Penn lui-même le définit ainsi.
[3] Sans parler évidemment de MASH – sur la guerre de Corée / guerre du Vietnam – en 1970.
Fiche du film
Réalisateurs(trices)
Arthur Penn
Année
1970
Durée
147 minutes
Date Sortie française
Mercredi 31 mars 1971
Auteur(s) / Scénario
Calder Willingham
Format de diffusion
DCP
Détails
Interprètes
Dustin Hoffman (Jack Crabb), Faye Dunaway (Mrs Pendrake), Martin Balsam (Merriweather), Richard Mulligan (le général Custer), Chief Dan George (Peaux de la Vieille Hutte)…
D'après
D'après Mémoires d'un visage-pâle de Thomas Berger
Direction photographie
Harry Stradling Jr.
Montage
Dede Allen, Richard Marks
Couleur
Couleur
Production
Cinema Center 100 Productions, Stockbridge-Hiller Productions
Distributeur
ADRC/Carlotta
Musique
John Hammond Jr.
Son
Al Overton Jr.
Costumes
Dorothy Jeakins
Décors
Dean Tavoularis
Producteur(trice)
Stuart Millar
Pays
USA