Dans le sud de l'Italie, les mafias prospèrent depuis plus de 150 ans. Dans ces régions historiquement pieuses, il aura fallu attendre 2014 pour qu’un Pape ose enfin attaquer la mafia frontalement. Pourquoi un tel silence de l’Église, et de telles complicités ?

En 2006, à Corleone, en Sicile, on arrête le chef mafieux Bernardo Provenzano, connu pour sa cruauté, en cavale depuis 43 ans. Chez lui, on découvre des crucifix, de l'eau bénite et des objets religieux de toutes sortes. Si les mafieux ont été ou sont encore des catholiques pratiquants, attachés à cette Église si importante en Italie, ils n'ont aucun scrupule à ce que cette foi cohabite avec leurs activités les plus sanguinaires. Il faut dire que l'Église catholique elle-même a longtemps fermé les yeux sur la mafia, niant parfois son existence, ou pratiquant une proximité presque complice pendant des décennies. Ce silence terriblement long de l'institution catholique a accompagné les phénomènes mafieux, même quand ceux-ci ont gagné une renommée internationale et que le sang a inondé des villes comme Palerme. Un silence assourdissant et incompréhensible pendant ces périodes d’extrême violence, de la part d'une institution sensée prêcher la paix et la tolérance. Pourquoi l’Église n’a-t-elle pas combattu ce phénomène, se murant dans le silence ? Pourquoi certains membres de l’Église ont-ils parfois joué un rôle de complice ? Et comment les mafieux peuvent-ils prétendre avoir la foi et se servir des rites religieux ? Le Dieu de la Mafia tente de répondre à ces questions en retraçant l’histoire de la Sicile depuis la fin de la guerre jusqu'à nos jours à travers les récits de témoins de l’époque, de spécialistes et de prêtres, parfois complaisants.