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Lundi 18 novembre 2019 - 20 h 30
- Cinéma Jean Eustache
La Llorona

La Llorona
Jayro Bustamante
2019
96 min.
VOSTF
Sélection Prix du public au Festival Biarritz Amérique latine 2019 / Primé à la Mostra de Venise 2019, en sélection Venise Days / Sélection « Contemporary World Cinema » au Festival international du film de Toronto 2019
Un général, accusé de génocide contre les Mayas pendant la guerre civile au Guatemala, est acquitté. Il est alors hanté par une « Llorona », un fantôme qui pleure ses enfants morts. Est-elle venue punir celui que la justice n’a pas condamné ?
Grand vainqueur de la dernière édition des Giornate degli Autori à la Mostra de Venise, Jayro Bustamante confirme tout son talent et la puissance de son cinéma. De manière admirable, il a pensé sa fresque sur la société guatémaltèque comme un triptyque (ixcanul – en sélection thématique, tremblements et la llorona) et a donné au cinéma de son pays ses lettres de noblesse. C’est peut-être dans ce dernier opus qu’il se confronte à l’histoire de la manière la plus frontale. Le procès d’un général de la dictature qu’a vécu le pays dans les années 1980 (faisant suite à une longue et meurtrière guerre civile) sert d’argument de départ. Mais le film quitte rapidement le tribunal pour confiner le général génocidaire et sa famille dans leur grande demeure, encerclée par des manifestants qui protestent contre le verdict final. Loin de s’arrêter là, le film convoque la mythologie latino-américaine avec la figure de la Llorona : qui est donc cette jeune domestique d’origine maya qui accepte d’entretenir la maison d’un tortionnaire de son peuple ? Jayro Bustamante n’a pas peur de convoquer les codes du film de genre pour réaliser un film d’histoire. Nombreux sont les fantômes qui viennent hanter cette famille de « colons » blancs, responsables de tant de maux. La foule dehors qui les maintient enfermés dans leur grande bâtisse reste le plus souvent invisible, sa présence est pourtant constamment sonore (les revendications orales sont autant de précis historiques sur les abjections de la dictature). Ce siège condamne le film au huit-clos, le rendant d’autant plus anxiogène. Formellement, la llorona est d’une grande maîtrise : sans hâte le réalisateur parvient à faire exister tous ses personnages dans cette spirale infernale de la quête de la vérité et du poids de la culpabilité. Jayro Bustamante s’inscrit aux côtés de César Diaz dans une réflexion mémorielle sur l’histoire du Guatemala, et à la manière des anthropologues de nuestras Mastres (également en compétition), il fait ressurgir le passé enfoui et donne une voix aux morts de la guerre civile et de la dictature. la llorona est un film qui hante et devient presque une injonction pour ses spectateurs à se pencher sur les traumatismes de ce pays qu’on connait peu.
– Victor Courgeon
Fiche du film
Réalisateurs(trices)
Jayro Bustamante
Année
2019
Durée
96 minutes
Auteur(s) / Scénario
Jayro Bustamante, Lisandro Sánchez
Format de diffusion
DCP
Détails
Interprètes
Avec Maria Mercedes Coroy (Alma, La Llorona), Margarita Kénefic (Carmen), Sabrina de la Hoz (Natalia), Julio Díaz (General Monteverde), María Telón (Valeriana), Aylaelea Hurtado (Sara), Juan Pablo Olyslager (Letona)
Direction photographie
Nicolás Wong Díaz
Montage
Gustavo Matheu, Jayro Bustamante
Couleur
Couleur
Production
La Casa de Producción, Les Films du Volcan
Distributeur
ARP
Musique
Pascual Reyes
Son
Eduardo Cáceres
Costumes
Sofía Lantán et Beatríz Lantán
Producteur(trice)
Jayro Bustamante, Gustavo Matheu, Georges Renand, Marina Peralta
Pays
Guatemala France