Au Bonheur des dames

Au Bonheur des dames
Julien Duvivier
1930
89 min.
MUET
Denise Baudu, orpheline, arrive dans la capitale. Elle s’installe chez son oncle, dont le magasin vieillot “Au Vieil Elbeuf” est situé juste en face d’ "Au Bonheur des dames”, enseigne qui lui fait une redoutable concurrence. Denise comprend très vite que les affaires de son oncle sont au plus mal…
Le poème de l’activité moderne. Pour faire une description fidèle du grand magasin qu’il nomme « Au bonheur des dames », Zola s’inspire du « Bon Marché » qu’il visite. La note d’intention de Zola donne d’ailleurs un bon aperçu de la volonté de l’auteur de retranscrire l’esprit du siècle: « Je veux dans Au Bonheur des dames faire le poème de l’activité moderne. […] En un mot, aller avec le siècle, exprimer le siècle, qui est un siècle d’action et de conquête, d’efforts dans tous les sens. » Le roman est le onzième du cycle des Rougon-Macquart. Comme pour les précédents, Zola réunit une importante documentation. Il réalise la majorité de ses observations au « Bon Marché » et aux « Grands Magasins du Louvre » pendant deux mois (février et mars 1882). « Il observe la disposition des rayons, l’architecture, relève des plans étage par étage, s’informe sur la fondation et l’organisation générale, les techniques de vente, les systèmes d’intéressement des employés, visite les chambres des vendeuses au Bon Marché ; bref, il amoncelle les notes sur tout ce qu’il voit dans une centaine de pages de notes et réalise de nombreux croquis.[1] ». Il rassemble les informations recueillies après avoir fait une première « ébauche » qui donne les grandes lignes du récit et sa structure. Jouissant d’une fin heureuse, inhabituelle chez Zola, Au bonheur des dames n’en est pas moins une description féroce des logiques capitalistiques à l’œuvre (et qui se renforceront aux siècles suivants).
Duvivier et Cayatte. Au bonheur des dames a fait l’objet de deux adaptations célèbres, l’une, muette, par Julien Duvivier en 1930, l’autre par André Cayatte en 1943. Le film de Duvivier transpose l’action à la fin des années 1920, l’héroïne, orpheline, arrive seule à Paris. La trame est réduite autour d’un petit nombre de personnages. Ces deux facteurs conduisent beaucoup de commentateurs à trouver le film de Cayatte plus fidèle. Néanmoins, en termes cinématographiques, Julien Duvivier parvient admirablement à retranscrire la frénésie de la ville, dès l’arrivée de Denise à la capitale, et dans toutes les scènes de foule au « Bonheur des Dames ». On comprend aisément le caractère englobant du magasin et sa majesté, quasi empire à la réclame envahissante. Les personnages de Denise et de son oncle Baudu sont traités différemment dans les deux versions : chez Duvivier, elle s’affirme et il subit tandis que chez Cayatte, elle est intimidée et il lutte. Si les deux films s’attardent sur la romance davantage que le roman ne le faisait, l’adaptation de Julien Duvivier semble la plus apte à décrire les évolutions du commerce et de la société, mais aussi celle qui résiste mieux à l’épreuve du temps. – Victor Courgeon
[1] Dossier édité par la BNF sur le roman de Zola et qui retrace tout le travail de préparation de l’écrivain : repérages, plan, construction des personnages… Disponible à l’adresse suivante : https://multimedia-ext.bnf.fr/pdf/Bonheur-des-dames.pdf
Fiche du film
Réalisateurs(trices)
Julien Duvivier
Année
1930
Durée
89 minutes
Auteur(s) / Scénario
Noël Renard
Format de diffusion
DCP
Thématiques abordées par le film
Crise de 1929Détails
Interprètes
Dita Parlo (Denise Baudu), Pierre de Guingand (Octave Mouret), Germaine Rouer (Madame Desforges), Ginette Maddie (Clara), Armand Bour (Maudu)…
D'après
D'après Émile Zola
Direction photographie
André Dantan, René Guichard, Émile Pierre, Armand Thirard
Couleur
N&B
Production
Le Film d'art
Distributeur
Tamasa
Costumes
Gerlaur, Marthe Pinchard
Producteur(trice)
Charles Delac, Michel Vandal
Pays
France